Brèves de pont

Hier, en fin d’après-midi, pas moins de 6 coureurs positionnés au-delà du 34ème méridien marchaient à plus de 3 nœuds avec une pointe à 3,6 nœuds pour Olivier Bernard lui pour qui tout va bien à bord et qui trouve le temps de taquiner la dorade et de s’offrir des crêpes au beau milieu de l’océan. Plus ils sont à l’ouest, plus les rameurs marchent vite et droit. A cette vitesse, leur prévision d’arrivée pourrait être avancée.

Pourtant, on sent comme un vague à l’âme s’immiscer dans la flottille, la traversée devient de plus en plus instable et les rameurs qui le mesurent encore commencent à perdre le fil du temps et à ressentir le poids de la solitude et de l’isolement. Il y a bien sûr ces allers et venues imprévisibles de la ZIC ou encore ces contre courants qui se manifestent de manière plus intense comme pour Catherine Barroy qui les subit et qui peine à régler au mieux son bateau. Mais il y a surtout cet univers de plus en plus changeant et gris, alternance d’éclaircies et de vastes périodes sombres et ombragées accompagnées de grains parfois violents comme celui subi la nuit dernière par Mathieu Martin calé plusieurs heures durant dans l’obscurité au fond de son bateau en attendant qu’une vague plus grosse et plus creuse que les autres ne vienne retourner son bateau. Il n’en fut rien mais l’appréhension atteint son zénith dans ces situations de stress solitaire, la nuit blanche et moite alimente tout un flot d’idées noires qui dévorent le corps et l’esprit. Les rameurs en ont rêvé, ils sont maintenant au cœur du sujet, seuls au milieu de nulle part, brassés par des forces incommensurables.

Dans ce contexte, même les meneurs sont affectés, voire déstabilisés, à l’image de Harry Culas pour qui le temps se perd et s’éternise. A l’avant, on suit l’orthodromie au plus près comme un fil d’Ariane sans le moindre écart, et on aspire maintenant à retrouver la côte au plus vite. La date ici n’a plus de sens, ni même la distance, seuls comptent le nombre de jours encore à naviguer avant la terre promise et les minutes d’arc qu’ils restent à parcourir et qui défilent plus ou moins vite sur l’écran du GPS. Le second groupe marche vite également, à plus de deux nœuds mais connait lui aussi cette anémie du Large et de la solitude, tel Rémy Landier, dont les photos (de Jody Almiet) surgies de l’océan ont surpris ses proches en les plongeant dans la réalité de leur marin, désormais barbu, un peu hagard et forcément différent de celui que l’on a laissé battant et plein d’enthousiasme sur la plage de Dakar. Comme pour tous, il lui tarde de retrouver la terre ferme et de ne plus s’inquiéter du temps qu’il fait, de ces sautes de vent qui peuvent être autant de mauvais présages.

Cette langueur est légitime et traduit un certain épuisement après 40 jours de mer. Pourtant, il va falloir s’armer de courage car la route est encore longue et ses contours indécis, notamment en raison de ces courants turbulents que les premiers rameurs devraient rencontrer dans les jours prochains. Si l’influence de ces flux océaniques est bien réelle, leur intensité au large reste inconnue et il est difficile de prédire de quelle façon ils affecteront la route de nos marins.

Alors que la flottille semblait enfin ces jours derniers emportée à grande vitesse vers les Amériques, voilà hier que la ZIC a littéralement stoppé les rameurs dans leur élan, leur arrachant jusqu’à 30 milles sur leur progression de la veille. Ce phénomène illustré sur la carte ci-dessous a connu un épisode de poussée vers le nord et devrait s’estomper à partir de demain jeudi. La météo annonce la fin des passages de grains et des fortes pluies qui y sont associées, au moins pour le nord de la zone.

Les positions des skippers indiquées sur la carte montrent qu’ils se trouvent aujourd’hui au cœur de la zone humide. Si une averse occasionnelle offre l’opportunité d’une bonne douche ou de pouvoir récolter de l’eau douce pour compléter celle du dessalinisateur, cela devient après plusieurs jours de pluie une gêne à la progression et les rameurs commencent à languir le retour du soleil. Cette obscurité constitue également un souci pour la recharge des batteries à l’aide des panneaux solaires comme le souligne Gérard Marie qui économise au maximum l’énergie à bord, éteignant tous ses instruments excepté le radar AIS de prévention des collisions. Certes une légère amélioration se profile pour les rameurs du Nord mais la zone du courant sud-équatorial est coiffée par une épaisse couche de nuages depuis maintenant plusieurs semaines. Aussi loin que puissent voir les prévisions météorologiques dont nous disposons, on ne distingue aucune franche éclaircie à venir sur ces zones. Il est donc probable qu’une grande partie du chemin qui reste à parcourir jusqu’à la Guyane devra se faire dans une ambiance humide et sous un ciel globalement gris.

Ces aléas de l’Atlantique et de cette zone tourmentée malmènent le moral des rameurs même si tous font preuve d’une remarquable aptitude à surmonter une à une les épreuves qui jalonnent leur longue route. A l’image de Salomé et de Laurent qui admettent que leur sort au nord reste plus enviable que celui de leurs collègues du sud, les conditions semblent avoir été un peu meilleures aujourd’hui et les skippers ont bien mieux progressé, ce que confirme les données relevées par Pierre Verdu à la mi-période sur son tableau de progressions. Il est possible que l’on renoue aux avants postes avec de très belles progressions. Après avoir franchi la moitié du parcours il y a deux jours, Jean-Pierre est désormais passé sous les 1000 milles de l’arrivée, tous les symboles qui nous rapprochent de la Guyane sont bons à prendre. Nul doute que les skippers retrouveront vite de belles moyennes mais l’état de la mer ne leur facilite pas la tâche. Nombre d’entre eux se trouvent à nouveau ce soir sous un flux de vents de Nord-Est stables, signe du retour des Alizés après ce passage de la ZIC.

Hier soir, nous annoncions aux rameurs des vents d’Est-Nord-Est (dans un secteur compris entre 60 ° et 75° selon les positions) sur toute la zone. Pourtant, à l’aurore, la surprise fut de taille pour certains skippers de lire sur leurs GPS un déplacement vers le Nord-Ouest, eux qui la veille au soir, sous un vent bien établi au Nord-Est, étaient persuadés de perdre vers le sud dans la nuit. La lecture de la carte des positions ce matin confirmait cette dérive inattendue. Que se passait-il ? Pour répondre à cette question, souvenons-nous de l’épisode du 4 novembre dernier au cours duquel le même phénomène se produisit. Il semble qu’il s’agisse à nouveau d’une remontée de la zone intertropicale de convergence, cette fameuse ZIC à l’humeur orageuse.

Cette zone perturbée, familièrement baptisée le « Pot-au-noir » suit un cheminement ondulatoire en se déplaçant de part et d’autre de l’Equateur. Les alizés du nord s'affrontent aux vents du sud  dans une atmosphère chaude oscillant entre 25 et 30°. La forte humidité qui y règne favorise l’émergence de phénomènes convectifs ascendants qui prennent la forme de cumulonimbus impressionnants pouvant s'élever jusqu'à 15 000 mètres d'altitude. La ZIC ne concerne donc pas que nos rameurs mais tous ceux qui naviguent dans ces parages qu’ils soient à la barre d’un navire ou aux commandes d’un aéronef. Sous ces formations météorologiques peuvent survenir des pluies diluviennes et des bourrasques violentes. Mais à l’inverse, cette zone étrange peut aussi être le siège de « pétoles » (calme plat) terribles qui ont immobilisé des jours durant plus d’un marin à voile. Ces sautes brutales de vent malmènent donc actuellement les nerfs de nos rameurs forcément sensibles aux formes obscures et menaçantes de ces nuages gigantesques sous lesquels il peut faire nuit en plein jour tant leur épaisseur est importante.


Lors des dernières 24 h, une « bosse ondulatoire » a dépassé le 10ème parallèle Nord et a généré en conséquence pour les skippers de Rames-Guyane des vents variables d’Est-Sud-Est assortis de passages de grains très humides dont certains ont été visiblement assez forts. Cette période perturbée est actuellement prévue jusqu’à jeudi 6 h UTC au moins avec un déplacement de l’ensemble vers l’Ouest. Compte tenu de leurs positions respectives désormais très distantes, les rameurs ne sont pas tous affectés de la même façon. Ceux qui le sont plus particulièrement en milieu de flottille devraient donc retrouver des conditions normales vers la fin de semaine avec un retour de vents établis au nord-est autour de 18 nœuds.

Cet épisode n’a pas empêché certains rameurs de profiter au maximum de conditions qui deviennent globalement de plus en plus favorables. Comme le souligne Pierre Verdu, Antonio a en effet explosé le record avec 63,4 milles nautiques parcourus en 24h, et plusieurs autres dépassent ou flirtent avec les 50 milles. A l’arrière, Olivier Montiel (45 milles) et Philippe Malapert (49 milles) ont retrouvé des forces et progressent de mieux en mieux. Sans doute font ils corps désormais avec leur embarcation. Le relevé de ces données bouleverse les prévisions et pourraient laisser entrevoir des arrivées plus tôt que prévu. Il convient toutefois de rester prudents car la situation peut changer très vite et on ne sait toujours pas comment les bateaux vont réagir lorsque les rameurs vont aborder prochainement les turbulences qui précèdent le courant sud-équatorial.

Cette situation certes instable reste malgré tout assez favorable avec des vents bien établis sauf au Sud ou Patrice et Didier continuent à naviguer sous des vents faibles ponctués de grains au cœur de la ZIC. Pour profiter de ces bonnes conditions dont bénéficient les rameurs restés au nord, le réglage du bateau est primordial. Plusieurs d’entre eux, à l’instar de Rémy ou de Patrice C (alias Mac Coy) peinent à optimiser au mieux les appendices de leur embarcation et perdent la nuit ce qu’ils gagnent le jour au prix de longues journées de plus de 10 heures aux avirons. Cet apprentissage réel leur permettra certainement de trouver rapidement les solutions adéquates. A l’inverse, d’autres tels Philippe, Olivier ou encore Catherine semblent maintenant faire corps avec leur bateau tant leurs trajectoires sont rectilignes et leur vitesse stable, de belles progressions pour la Ste Catherine !

Le rendez-vous hebdomadaire d'Olivier Montiel au bout du fil avec Christian Opéron de France Bleu Drôme Ardèche devient aussi sympathique qu'un coup de fil entre vieux amis.

https://soundcloud.com/traversee-atlantique/radio-france-bleu-dromeardeche-24-novembre-2014

 

Conservant la tête de la course malgré la remontée de ses poursuivants, Jean Pierre vient de franchir la ligne de la moitié de la distance à parcourir. Cette ligne se trouve à 1073 milles de l’arrivée.

La notion de moitié de parcours revêt cette année une signification ambigüe car la notion d’espace et de distance est en décalage avec celle du temps et de la durée de la traversée. En raison des péripéties qui ont marqué le début de l’épreuve, la flottille a en effet perdu beaucoup de temps au départ au point qu’il soit difficile à présent de corréler durée et distance. Il est probable – et souhaitable – que la seconde partie de la traversée soit beaucoup plus courte en durée que la première. Pour autant, le passage de cette ligne symbolique représente pour les skippers un moment important pour le moral. A partir de là, on a l’impression que le chemin qui reste à parcourir ne fait plus que descendre, comme si on venait de franchir un col.

Pour prendre la mesure du caractère très particulier de cette édition 2014, on peut aussi constater qu’après 37 jours de mer, Jean-Pierre  vient juste de franchir la moitié de la distance, alors qu’en 2012, Pascal Vaudé franchissait la ligne d’arrivée dans la même durée. Certes, la comparaison entre deux traversées n’est pas forcément opportune, mais l’écart est tout de même cette année assez significatif pour être remarqué. Cela permet de mieux comprendre les inquiétudes relatives à l’autonomie des skippers en termes de vivres embarquées à bord.

Les estimations proposées par Pierre Verdu pour chaque skipper sont en ce sens très précieuses car elles permettent de connaître de manière objective le nombre de jours que les rameurs devront encore passer à bord avant de poser le pied à terre. Entre le premier et le dernier, les calculs permettent d’anticiper une fourchette comprise entre 55 et 71 jours de traversée. En fondant leur préparation sur l’expérience des précédentes éditions, les skippers avaient prévu entre 40 et 60 jours d’autonomie selon leurs ambitions respectives en matière de classement.

Par ailleurs, compte- tenu de la configuration des courants devant les côtes brésiliennes, puis guyanaises, on sait d’ores et déjà que les jours qui précéderont l’arrivée seront mouvementés sans que l’on puisse dire si cela favorisera ou au contraire ralentira la progression des bateaux. Certes, le courant sud- équatorial reste très porteur en fin de parcours mais il est cette année plaqué à la côte et précédé au large de courants contraires qu’il faudra traverser. A la moitié du voyage, nous restons donc en proie à de nombreuses incertitudes qui font de cette traversée une aventure passionnante mais difficile à gérer nerveusement tant pour les marins que pour ceux qui les suivent.

 A vos pinceaux, à vos couleurs, à votre imagination…

Vos rameurs préférés attaquent la dernière partie de leur traversée.. c’est le moment de venir les soutenir à travers vos créativités, ils vont avoir besoin de vous.

Le principe est simple, demandez à vos instituteurs de préparer avec vous un support d’environ 2m x 1.50 environ sur lequel vous allez pouvoir lâcher votre imagination autour du thème de la protection des océans et de vos soutiens à votre skipper préféré.

Une fois votre fresque terminée, vous pourrez la prendre en photo et nous l’envoyer accompagnée de vos noms ainsi que du nom de votre école à cette adresse mail : Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. … Nous la publierons sur le site internet de la course www.ramesguyane.com ainsi que sur les pages Face Book de la course.

Mais avant tout, prenez le temps de visionner cette vidéo afin de prendre connaissance de la mission 7e continent : http://vimeo.com/111283735

Pour Rappel : Rames Guyane a signé une convention avec l'expédition 7e continent dont le Chef de mission est Patrick Deixonne lui-même ancien concurrent de la Rames Guyane. Les concurrents engagés dans la traversée de l'Atlantique à la rame qui croiseront des déchets, prendront des photos et noteront leur position. Ces données seront transmises aux scientifiques de l'expédition 7e continent. Les concurrents, eux, doivent conserver leurs déchets à bord, l'objectif étant « une course totalement propre »

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