09 Décembre 2014
l'Analyse de la course par Mathieu Morverand
Moins de 400 milles (740 km) séparent maintenant Jean-Pierre Lasalarié de la ligne d’arrivée. Talonné par ses poursuivants qui se rapprochent inéluctablement, Jean-Pierre qui a mené remarquablement la course jusque-là connaît ces dernières heures un moment de vague à l’âme. Aux avant-postes, il sait que c’est à lui que revient le mauvais rôle d’expérimenter les passages à travers cette zone de courants tourmentée. Lorsqu’il réussit, tout le monde le suit mais lorsqu’il s’égare dans une mauvaise passe, ses poursuivants le savent et contournent l’obstacle en connaissance en évitant ainsi de s’y confronter eux-mêmes. C’est la dure loi de la course qui pourrait vivre son apogée à proximité immédiate de la Guyane, élevant encore d’un niveau le suspense haletant qui règne désormais sur l’événement. Laurent Etheimer , qui n’est plus qu’à 50 milles de Jean-Pierre commence même à imaginer une arrivée groupée, ce qui selon lui récompenserait de fort belle manière ce petit groupe qui a navigué quasiment bord à bord pendant l’essentiel de la traversée. A l’image de Salomé Castillo, qui occupe la 3ème place sans faillir avec un moral remarquable, ces 5 rameurs en tête mènent actuellement une course difficile un peu plus vers l’ouest que prévu, s’adaptant en permanence aux évolutions des courants pour choisir la meilleure passe. Il leur tarde d’attraper les faveurs du courant sud-équatorial pour enfin distinguer dans quelques jours le profil des îles du Salut sur la ligne d’horizon.
La carte des positions du jour nous montre que cette tendance au regroupement est générale. Les rameurs un peu plus en arrière au Nord ont à leur tour profité de bonnes conditions et ont commencé à réduire l’écart. Gérard Marie a parcouru plus de 120 milles en trois jours et se plait à savourer le plaisir de la « vitesse ». Olivier Montiel lui s’étonne presque d’aller plus vite sans rien changer à ses habitudes, ce qui témoigne de l’impact que peuvent avoir les éléments sur ce type d’embarcation à la merci du moindre changement. Comme Remy Landier, Matthieu Martin, Catherine Barroy, Patrice Charlet et Philippe Malapert, ils espèrent que ces vents porteurs vont perdurer suffisamment longtemps pour les amener jusqu’en Guyane. Les deux sudistes poursuivent quant à eux leur folle remontée et se rapprochent également du reste de la flottille. Une arrivée groupée serait formidable mais les distances qui séparent encore les rameurs sont considérables et la route sans doute semée de nouvelles embûches.