Au moment du départ à Dakar, les rameurs n’imaginaient certainement pas se retrouver 56 jours plus tard encore en mer dans une situation aussi délicate qui ne leur laisse aucune perspective claire quant à leur date d’arrivée. Malgré une détermination hors du commun que l’ensemble des observateurs salue unanimement, les jours se sont inéluctablement enchaînés les uns aux autres et les skippers doivent maintenant faire face à une sérieuse pénurie de vivres. Après un inventaire méticuleux des fonds de cale, plusieurs d’entre eux ont fait le constat cruel d’un stock de nourriture manifestement insuffisant pour terminer la traversée  Personne ne pensait que l’aventure durerait aussi longtemps. Même avec une réserve plus ou moins conséquente, aucun chargement de vivres parmi la flottille n’a été dimensionné pour une si longue période. La pêche peut certes apporter quelques compléments nutritionnels mais cela ne peut en aucun cas satisfaire les besoins quotidiens de calories. Par ailleurs, si la configuration des éléments était conforme à celle des précédentes éditions avec un courant favorable sur leurs positions, on pourrait estimer une date d’arrivée avec une forte probabilité. Mais au lieu de cela, outre des courants contraires, des vents de Sud-Est liés à des ondulations de la ZIC viennent rajouter un degré de complexité en immobilisant une bonne partie de la flottille.

Dans ce contexte, seul Olivier Ducap, précurseur de l’option Sud, semble tirer son épingle du jeu en s’approchant de plus en plus du courant sud-équatorial qui pourrait le conduire vers l’arrivée dans une semaine environ. Le temps lui est compté car il ne lui reste à bord que huit repas et quelques pâtes, ce qui l’oblige à se rationner et à modérer son énergie aux avirons.  A 200 milles au Nord-Ouest de sa position, les six rameurs qui menaient la course à allure régulière depuis plusieurs semaines sont maintenant confrontés à l’influence cumulée de vents et de courants défavorables qui les font reculer à l’opposé de leur objectif. Ils dérivent à présent vers l’Est en direction de l’Afrique, une situation particulièrement dure à vivre sur le plan moral, surtout après tant de jours passés en mer. Pour eux aussi, la question de l’autonomie se pose de plus en plus crûment.  Laurent Etheimer évoque la possibilité d’un recours au cerf-volant si la situation venait à perdurer. Richard Perret quant à lui se démène avec des problèmes de batteries qui ne chargent plus en raison du ciel couvert et avec son safran qu’il a dû réparer au prix d’acrobaties dans la houle. Le matériel aussi commence à ressentir le poids du temps qui passe.

Patrice Maciel emporté par un tourbillon puissant qui le propulse vers le Nord-Est, fait le même constat. L’équation entre le temps nécessaire pour boucler la traversée et ce qu’il lui reste de nourriture – tout au plus pour deux semaines - penche en faveur d’une pénurie avant de franchir la ligne. Pour l’heure, il se dirige vers la position de Gérard Marie et sait qu’il doit au moins atteindre le 8ème parallèle avant de pouvoir reprendre une route vers l’Ouest. Le tableau de Progression de Pierre Verdu nous permet de relever que Patrice a parcouru une distance supérieure d’un tiers à celle de l’orthodromie au même méridien, ce qui est considérable. Autrement dit, il aura bientôt accumulé autant de milles qu’il lui en aurait fallu pour rejoindre la Guyane. Après un long périple dans le Sud, il espère maintenant reprendre une route plus sereine aux côtés de Gérard par le Nord. Didier Torre, son compagnon d’infortune, avait jusqu’alors réussi à échapper à ce puissant flux et à se rapprocher du courant sud-équatorial, mais depuis 24 h, les vents de Sud-Est mettent tous ses espoirs à néant. Il implore des conditions plus clémentes. A défaut, il n’exclue pas lui non plus le recours au cerf-volant. Pour autant, cette hypothèse ultime que plusieurs envisagent comme la solution permettant d’en terminer au plus vite n’offre pas forcément une garantie de toucher terre à brève échéance. Un cerf-volant employé sur ce type d’embarcation ne permet pas d’en améliorer le cap. Si les vents ne sont pas favorables pour une navigation à la rame, ces derniers ne le sont pas davantage pour une navigation sous cerf-volant.

Tout au nord, Rémy Landier, Patrice Charlet (alias Mc Coy) et Olivier Montiel continuent eux de progresser vers l’ouest tout en mesurant parfaitement ce qui les attend à court ou moyen terme. Le chemin de la Guyane paraît bien encombré et ils hésitent actuellement entre une route à l’Ouest pour repousser cette échéance de contact ou une route au Sud-Est pour plonger frontalement à travers ce courant traversier.

Dans une situation aussi délicate et complexe, tous attendent avec impatience ces vents de secteur Nord-Est annoncés dès lundi. Mais là aussi, l’espoir des uns se confronte aux craintes des autres car un fort vent de Nord-Est pourrait pousser à la côte les partisans de la route Sud comme ce fût le cas lors des éditions 2006 et 2009 au large du Cap Orange. Cette traversée relève dès à présent d’un véritable exploit pour toutes celles et ceux qui la vivent. Tous, rameurs, routeurs, proches et observateurs attentifs, aspirent désormais à une parfaite harmonie des éléments favorable à toutes les options – vents et courants d’Est – pour que cette exceptionnelle aventure parvienne enfin à son terme et nous libère de cette attente interminable.



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