Brèves de pont

l'Analyse de la course par Mathieu Morverand routeur de Rémy Landier et de Olivier Montiel

On l’espérait tellement qu’on avait fini par douter qu’il existe vraiment. Et pourtant, le compteur s’est affolé ce matin pour Olivier Ducap avec des pointes à plus de 4 nœuds, preuve qu’il a accroché le fameux courant sud-équatorial tant convoité. Dans cette veine, les choses vont beaucoup plus vite et le décompte du temps qui reste jusqu’à la ligne se déclenche enfin de manière concrète et mesurable. L’estimation d’une date prend un sens objectif et ne risque plus de conduire à une nouvelle désillusion. Et comme un bonheur arrive souvent accompagné, voilà qu’en fouillant au fond de ses cales, Olivier a remis la main sur son matériel de pêche avec lequel, deux heures plus tard, il attrapait une belle bonite, l’équivalent de deux repas, une aubaine pour lui qui se rationne depuis bientôt une semaine. Conscient que cette veine de courant n’est pas orientée au mieux, il reste vigilent, mais se prépare malgré tout à une arrivée imminente et une éventuelle victoire qu’il pourrait disputer à l’espagnol Antonio de la Rosa, adepte de l’option Nord, très proche lui aussi de ce fameux courant après trois jours d’immobilisme. Le mauvais esprit qui malmène nos rameurs depuis si longtemps se serait-il finalement lassé de jouer avec leurs sorts ?

Arrivant également par le nord, sur les traces de Laurent Etheimer, Richard Perret à bord de sa « petite caravane rose » navigue désormais sous le soleil avec un moral rechargé à bloc à l’image de ses batteries et de ses instruments qui fonctionnent à nouveau à merveille après les passages obscures de la ZIC. Son stock de nourriture lui semble suffisant mais il ne rechigne pas malgré tout à améliorer son ordinaire en protéines en dégustant en sushis les poissons volants qui viennent terminer leur vol plané dans son cockpit.

La traversée de cette zone tourmentée leur aura pris pas moins de  4 jours pleins, largement de quoi alimenter des idées noires. Même si la configuration a quelque peu évolué depuis, les rameurs qui s’en approchent à présent, à l’image de Patrice Charlet (alias Mac Coy), se préparent à ce passage délicat. Pour l’heure, le marin breton s’est intercalé entre Rémy Landier et Olivier Montiel avec lesquels il entretient des écarts stables et réguliers, marchant à plus de deux nœuds de moyenne depuis 3 jours. Porté par de bonnes conditions, il rame peu et en profite pour reprendre des forces et s’occuper de l’entretien du bateau. Il espère atteindre le 47ème méridien avant la fin de semaine pour entamer sa descente vers le sud dans le courant traversier et prendre ensuite le chemin de la Guyane. Il rêve déjà d’un plat de frites qu’il échangerait volontiers contre son Gwenn ha Du encore vaillant malgré les affres des embruns du Large.

Plus à l’arrière, Patrice Maciel a enfin trouvé la sortie de cet infernal maelström qui l’avait repoussé très loin dans le nord. Il ne sait plus très bien depuis combien de jours il est à bord et n’aurait jamais pensé que ce voyage puisse être aussi long. Il vit des moments de solitude éprouvants qui lui pèsent sur le moral. La fatigue, les douleurs articulaires et le temps qui s’écoule éternellement le font passer par de profonds moments de doutes qu’il se reproche à lui-même. Certes, cela n’est pas facile, mais c’est humain. Sans doute lui faut-il relativiser ces passages à vide, en se référant pourquoi pas à la clairvoyance de Jean Giono : « Il y a un compagnon avec lequel on est tout le temps, c’est soi-même et il faut s’arranger pour que ce soit un compagnon aimable ». L’accoutumance à ses propres humeurs, à ce vague à l’âme permanent, reste presque la chose la plus délicate à supporter lors de ce type d’expérience solitaire confronté à son être le plus sincère et le plus authentique. Comme tous, il cultive à présent une furieuse et légitime envie de rentrer à la maison et salue son ami Harry dont il admire la sagesse et le courage

l'Analyse de la course par Mathieu Morverand

En Afrique, les skippers nourrissaient l’espoir de surfer dans le sillage de leurs prédécesseurs de l’édition 2012. Pourquoi ne pas y croire en effet ? Les vents au large s’annonçaient des plus propices et la zone tourmentée qui sévissait déjà devant le delta de l’Amazone avait largement le temps de s’évanouir et de laisser place à un franc et puissant courant sud-équatorial favorable. Alimentées par l’optimisme de circonstance avant un tel départ, ces paroles réconfortaient tant les rameurs que leurs proches venus à Dakar les encourager. Dans cette ambiance, nul besoin de surcharger le bateau, autant le rendre léger en optimisant les masses embarquées et notamment la nourriture.

Au-delà même de cette question de la période, dont seuls les « experts » prétendent qu’elle n’était pas idéale – un peu comme la saison des pluies de l’an passé au cours de laquelle il n’est finalement tombé aucune goutte -  force nous est de reconnaître que l’océan ne cessera jamais de nous surprendre en modifiant sensiblement nos projets en son sein et en défiant toutes nos prévisions même les plus analytiques. Et à ceux qui pensent que cette situation n’altère que des bateaux du type de ceux de nos rameurs, rappelez-vous de la Route du Rhum 2002 qui fut marquée par l'abandon de 15 multicoques de 60 pieds à quelques encablures du départ en raison d’un fort coup de vent sur l’Iroise ou encore de l’édition 1998 de la Sydney-Hobart qui fut endeuillée par la disparition de six marins avec seulement 44 des 115 concurrents qui réussirent à regagner la Tasmanie. L’histoire maritime et plus spécifiquement celle des courses au Large quelle que soit l’embarcation choisie ne comptent plus les récits qui démontrent combien la mer demeure par nature imprévisible. Ce sont finalement les plus novices de la flottille qui, par méfiance à l’égard d’un élément qu’ils ne connaissaient pas bien, ont embarqué suffisamment de vivres pour parer à toute éventualité. Bien leur en a pris.

Cette échéance que la plupart ne pensaient jamais atteindre, celle de la rupture de vivres et de la pénurie à bord a fini par arriver, à un peu plus de 300 milles de la ligne d’arrivée. Ils espéraient boucler l’aventure en 40 jours, avaient embarqué 60 jours d’autonomie mais voilà qu’il ont atteint cette limite au-delà de laquelle l’aventure bascule vite dans la survie. C’est le cas de Harry qui, affaibli par plusieurs jours de rationnement, a fini bien malgré lui à prendre la décision difficile de déclencher son cerf-volant pour s’extraire de l’emprise d’un courant défavorable. Comble de malchance, le cerf-volant lui échappait peu de temps après. Il a alors sollicité une assistance pour un ravitaillement afin de pouvoir terminer malgré tout sa traversée à la rame, une nouvelle preuve de courage et de volonté. Les vents d’Est et de Nord Est semblent enfin revenus sur zone, ce qui l’autorise pour l’instant lui et ses compagnons d’infortune à reprendre la route de la Guyane. Espérons que ce souffle nouveau soit enfin celui des îles du Salut et de la terre retrouvée.

Dans la veine de l’option Sud, Olivier Bernard et Catherine Barroy profitent eux aussi de l’arrivée de ces bonnes conditions pour progresser vers le courant sud-équatorial aux côtés de Philippe Malapert. Visité hier par un grand marlin de plus de 3 mètres sous son bateau, Olivier Bernard continue de vivre à fond l’expérience du Large. Il sait que cette traversée peut être difficile sur le plan moral et que cette solitude cumulée à un environnement hostile piègent les skippers dans des sentiments exacerbés et de violents coups de cafard. Catherine parvient elle à trouver la force de relativiser et de se relâcher un peu pour se rapprocher des côtes qu’il lui tarde maintenant d’atteindre au plus vite.

Derrière, pas très loin, Matthieu Martin connaît à présent la route par cœur à travers la pétole et les grains : « un rond-point, un tapis roulant et bientôt du Rhum », voilà son programme, court mais finalement assez clair. Son optimisme et sa bonne humeur en toutes circonstances font de ses vacations de purs moments de bonheur.

Au-delà du 7ème parallèle, les trois mousquetaires du Nord, Rémy Landier, Patrice (Mac Coy) et Olivier Montiel continuent leur progression vers le maelström souvent à plus de 3 nœuds sur une mer agitée. Rémy nous parle d’un véritable « shaker » qui le secoue dans tous les sens.  A l’image de la ZIC, son moral connaît des creux et des bosses mais il tient le coup et a fini par se faire à son bateau et à cet univers immensément humide. Il espère l’arrivée proche même si il redoute le contact avec ce courant traversier qui a causé tant de difficultés aux rameurs qui l’y ont précédé.

Alors que Jean-Pierre Lasalarié et Salomé Castillo se trouve bloqués entre deux courants contraires à moins de 400 miles des côtes guyanaises, l’Espagnol Antonio de la Rosa, désormais leader, en profite pour creuser l’écart. Complétant le nouveau trio de tête, Laurent Etheimer et Richard Perret suivent une route parallèle, légèrement plus à l’est, que le leader de la course. Sur la route sud, Olivier Ducap a finalement touché le courant qui borde le plateau des Guyanes et se trouve maintenant emporté à toute vitesse vers la ligne d’arrivée. Le skipper ne se trouve plus qu’à 170 miles nautiques de la première place, soit moins de 315 kilomètres derrière Antonio de la Rosa, et continue de rattraper son retard. Dans le sillon d’Olivier Ducap, Olivier Bernard, Catherine Barroy et Philippe Malapert raccroche rapidement la tête de la course. A l’approche de l’arrivée, la flotte est de plus en plus resserrée. Et le classement paraît plus fragile que jamais.

Bien décidé à gagner
Engagé sur la route nord, Antonio de la Rosa a préféré attendre avant de plonger à la suite de ses prédécesseurs dans la boucle de courant qui barre l’accès aux côtes guyanaises. L’Espagnol a choisi d’avancer le plus possible, pour traverser le courant à l’endroit où la veine était la plus étroite. Le choix de route semble avoir payé. Dans la journée, le skipper de Bimbache / Viking 50 devrait toucher l’autre côté de la boucle de courants, dernier obstacle avant la ligne d’arrivée aux Îles du Salut, en Guyane française. « Rien n’est encore gagné, tempère le rameur. Il faut à tout prix que j’évite de me faire déporter trop au nord par le courant. Le plus dur va être de bien viser pour ne pas rater mon atterrissage. »
Aux deux skippers qui exigeaient hier l’arrêt de la course, Antonio de la Rosa adresse un avertissement. « La compétition est loin d’être terminée pour moi ! Je compte bien couper la ligne dans les prochains jours. Et pourquoi pas premier. Personne n’a le droit de m’enlever cette victoire… Que ceux qui veulent abandonner abandonnent. Mais qu’on me laisse gagner ! »

Renifler la piste et suivre les empruntes
8ème, Rémy Landier s’est définitivement décidé à poursuivre sa route par le nord, sur le chemin le plus court. D’abord inquiet de voir stagner Jean-Pierre Lasalarié, Salomé Castillo et Harry Culas, le rameur observe maintenant avec espoir les routes d’Antonio de la Rosa, Laurent Etheimer et Richard Perret. « La situation semble se débloquer pour eux, se réjouit le skipper de Ville d’Apt / La vie devant soi. J’espère qu’ils vont parvenir à ouvrir un passage. Pour l’instant, j’attends de voir où se passe. Et je n’aurais qu’à suivre leurs sillons. »

Les Nordistes n’ont qu’à bien se tenir
Olivier Bernard, 11ème, a lui aussi choisi de rester dans les sillons de son prédécesseur, Olivier Ducap, pionnier de la route sud. Le skipper calque sa trajectoire sur celle du bateau 64, à quelques 100 miles devant, soit environ 180 kilomètres. « J’accélère de jour en jour, sourit le rameur. Si ça continue je vais finir sur le podium ! La course continue. Et les Nordistes n’ont qu’à bien se tenir. »

Quelques jours de répit
Catherine Barroy, pour l’instant juste derrière Olivier Bernard, grignote chaque jour quelques miles sur l’avance de son prédécesseur. Plus au sud, la rameuse profite depuis ce matin de courants porteurs d’une force impressionnante. « Je vais tâcher d’en profiter pour me relâcher un peu, souffle la rameuse. Mon dos commence à me faire sérieusement souffrir. La traversée des contre-courants de ces derniers jours a été particulièrement éprouvante. C’est quand je dors que c’est le pire, à cause des mouvements du bateau. Je mets chaque matin quelques heures à complètement me débloquer complètement. »

La croisière s’ennuie
Matthieu Martin, 14ème, suit la même route au sud qu’Olivier Bernard et Catherine Barroy. Le skipper de Lilo se trouve encore embourbé dans les contre-courants qui ont tant éprouvé le dos de Catherine Barroy. « J’ai hâte de retrouver des conditions favorables, désespère le rameur. Le temps passe beaucoup trop vite quand on rame autant. Les journées sont lassantes. Elles se ressemblent toutes. Vivement le tapis roulant, que je puisse poser un peu mes pelles et profiter à nouveau de la croisière… »

L’Analyse de la course par Mathieu Morverand

A quelques encablures des côtes guyanaises, c’est maintenant le temps – celui qui passe et qui entame chaque jour le stock de vivres – qui fait le plus défaut aux rameurs. Temps contre nourriture, voilà précisément l’équation brute à laquelle plusieurs skippers sont cruellement confrontés. Le passage de la ligne nécessite même pour les plus proches au minimum une semaine de navigation et encore beaucoup d’énergie à dépenser. Sans un apport conséquent de calories, difficile d’imaginer des journées entières aux avirons d’autant plus si des courants contraires continuent de jouer ainsi avec le sort de nos marins. Autrement dit, pour terminer leur traversée, les skippers ont besoin de temps et par conséquent de nourriture en quantité suffisante pour le nombre de jours qu’il leur reste à naviguer. La pêche ne constituant pas une solution viable, tout au plus un complément, cette situation suppose nécessairement un ravitaillement en mer, et donc une assistance. Tous, à commencer par les rameurs, savent très bien qu’une telle assistance n’est pas conforme au règlement de l’épreuve. Pour autant, il n’est pas concevable de laisser en mer des marins sans nourriture. Que faire alors ? Difficile de répondre d’autant plus qu’un tel scénario ne s’est jamais produit au cours des précédentes éditions. L’envoi sur zone d’un navire ravitailleur pour ceux qui en auraient besoin ne constituerait-il pas une première piste de solution ? Ceci n’est que la proposition d’un observateur attentif mais à défaut de disposer d’autres hypothèses concevables sur un plan matériel, il est difficile pour l’heure de suggérer une autre solution qui convienne aux rameurs désormais confrontés à la dictature du temps.

Cette situation de pénurie affecte autant les partisans de la route du Nord que ceux de la route du Sud. Toutefois, la combinaison des remontées de la ZIC et de ses vents de Sud-Est avec ce fort courant traversier a considérablement complexifié la tâche des nordistes. Dans ce contexte d’immobilisme qui s’éternise, le moral est légitimement affecté au point d’en perdre le sens de la course. Si Salomé implore les éléments, et notamment la ZIC, de les laisser passer, eux qui ont donné tant d’efforts pour en arriver là, Jean-Pierre et Laurent traversent une passe plus difficile et préféreraient que la traversée se termine maintenant sans classement avec une assistance généralisée pour tous les skippers. Certes, ils savent que les conditions peuvent s’améliorer mais à force d’attendre, ils ressentent un profond ras le bol qui altère sensiblement leur motivation. L’aventure qu’ils étaient venus chercher ne devait jamais durer aussi longtemps.

Mais cette aventure s’illustre de ses paradoxes car à l’arrière, au plus loin de la Guyane, Gérard sur son bateau jaune continue d’afficher une étonnante bonne humeur avec la philosophie du marin qui a désormais accepté son sort de marin au très long cours. Il y a longtemps qu’il n’a plus aucune velléité de classement, seule la réussite de sa traversée lui importe, quel que soit le temps qu’il lui faudra. Il rationne sa nourriture et s’offre quelques compléments grâce à la pêche à laquelle il s’adonne de plus en plus. Avec humour, il en appelle au supermarché de son village pour une livraison à « domicile », au milieu de l’océan et nous relate son étonnante expérience d’un feu de Saint-Elme sur ses antennes lors du passage d’un orage. Il vit son aventure au gré de ses surprises et paraît désormais faire corps avec les éléments.

Devant lui, Olivier Montiel trouve lui aussi le temps long et aimerait arriver au plus vite pour retrouver ses proches mais il parvient malgré tout à mesurer les paramètres qui caractérisent sa situation : Son bateau, le plus récent de la flottille, se comporte bien, ses équipements fonctionnent parfaitement et son stock de nourriture reste suffisant pour tenir quelques semaines. Il pense en conséquence pouvoir rester encore un peu en mer. Lui aussi n’a aucune ambition de conquérir une place au classement, il aimerait simplement pouvoir achever sa traversée même au risque de ne pas couper exactement la ligne d’arrivée officielle. Dans cet esprit, il s’interroge et nous sollicite sur l’opportunité d’un contournement par le nord de la zone tourmentée. Les cartes Mercator qu’il reçoit à bord lui ont suggéré cette idée. Il sait que cela comporte des risques de dépasser la longitude des îles du Salut mais il l’accepte et rappelle que son objectif principal reste de rallier l’Afrique aux Amériques, quel que soit son point de contact à la côte. Les jours à venir seront déterminants pour affiner ses choix et choisir la stratégie qui lui apparaîtra la plus crédible. Rémy et Patrice (Mac Coy), ses deux compagnons de route, naviguent pour l’instant dans le même cap, droit vers cet inéluctable point de contact avec le maelström.

Décidément, cette aventure aura été riche en rebondissements tout au long de son déroulement et c’est au plus près des côtes guyanaises que cela atteint son paroxysme avec une configuration d’une rare complexité qui place les rameurs dans des situations très particulières difficiles à gérer sur le plan moral. Quelle que soient les décisions qui seront prises par les uns et les autres, l’exploit que ces femmes et ces hommes ont d’ores et déjà accompli est immense et suscite l’admiration auprès du plus grand nombre.

C’est dans la nuit et par Twitter que Harry Culas a annoncé qu’il jetait l’éponge. « ça y est je sors le cerf volant!...je n'ai pas pu sortir de la veine de courant, je ressortirais les avirons plus tard ». Cette information a été confirmée plus tard par Julien Besson le président de l’association Cariacou Boto III... "Je vous confirme en tant que président de l'association qui gère le projet d'Harry Culas et ancien skipper en 2012, qu'il a bien sorti le cerf-volant après avoir prévenu l'organisation. Geste murement réfléchi, car il va manquer de nourriture dans 3jrs complet et 6 avec une portion jour. Les conditions qu'il rencontre ne lui permettent pas sortir de la veine de courant et que les conditions météo sont trop incertaines pour envisager une arrivée sous 10 à 15jrs. C'est une sage décision et souhaitons bonne route aux skippers encore en course.

Au moment du départ à Dakar, les rameurs n’imaginaient certainement pas se retrouver 56 jours plus tard encore en mer dans une situation aussi délicate qui ne leur laisse aucune perspective claire quant à leur date d’arrivée. Malgré une détermination hors du commun que l’ensemble des observateurs salue unanimement, les jours se sont inéluctablement enchaînés les uns aux autres et les skippers doivent maintenant faire face à une sérieuse pénurie de vivres. Après un inventaire méticuleux des fonds de cale, plusieurs d’entre eux ont fait le constat cruel d’un stock de nourriture manifestement insuffisant pour terminer la traversée  Personne ne pensait que l’aventure durerait aussi longtemps. Même avec une réserve plus ou moins conséquente, aucun chargement de vivres parmi la flottille n’a été dimensionné pour une si longue période. La pêche peut certes apporter quelques compléments nutritionnels mais cela ne peut en aucun cas satisfaire les besoins quotidiens de calories. Par ailleurs, si la configuration des éléments était conforme à celle des précédentes éditions avec un courant favorable sur leurs positions, on pourrait estimer une date d’arrivée avec une forte probabilité. Mais au lieu de cela, outre des courants contraires, des vents de Sud-Est liés à des ondulations de la ZIC viennent rajouter un degré de complexité en immobilisant une bonne partie de la flottille.

Dans ce contexte, seul Olivier Ducap, précurseur de l’option Sud, semble tirer son épingle du jeu en s’approchant de plus en plus du courant sud-équatorial qui pourrait le conduire vers l’arrivée dans une semaine environ. Le temps lui est compté car il ne lui reste à bord que huit repas et quelques pâtes, ce qui l’oblige à se rationner et à modérer son énergie aux avirons.  A 200 milles au Nord-Ouest de sa position, les six rameurs qui menaient la course à allure régulière depuis plusieurs semaines sont maintenant confrontés à l’influence cumulée de vents et de courants défavorables qui les font reculer à l’opposé de leur objectif. Ils dérivent à présent vers l’Est en direction de l’Afrique, une situation particulièrement dure à vivre sur le plan moral, surtout après tant de jours passés en mer. Pour eux aussi, la question de l’autonomie se pose de plus en plus crûment.  Laurent Etheimer évoque la possibilité d’un recours au cerf-volant si la situation venait à perdurer. Richard Perret quant à lui se démène avec des problèmes de batteries qui ne chargent plus en raison du ciel couvert et avec son safran qu’il a dû réparer au prix d’acrobaties dans la houle. Le matériel aussi commence à ressentir le poids du temps qui passe.

Patrice Maciel emporté par un tourbillon puissant qui le propulse vers le Nord-Est, fait le même constat. L’équation entre le temps nécessaire pour boucler la traversée et ce qu’il lui reste de nourriture – tout au plus pour deux semaines - penche en faveur d’une pénurie avant de franchir la ligne. Pour l’heure, il se dirige vers la position de Gérard Marie et sait qu’il doit au moins atteindre le 8ème parallèle avant de pouvoir reprendre une route vers l’Ouest. Le tableau de Progression de Pierre Verdu nous permet de relever que Patrice a parcouru une distance supérieure d’un tiers à celle de l’orthodromie au même méridien, ce qui est considérable. Autrement dit, il aura bientôt accumulé autant de milles qu’il lui en aurait fallu pour rejoindre la Guyane. Après un long périple dans le Sud, il espère maintenant reprendre une route plus sereine aux côtés de Gérard par le Nord. Didier Torre, son compagnon d’infortune, avait jusqu’alors réussi à échapper à ce puissant flux et à se rapprocher du courant sud-équatorial, mais depuis 24 h, les vents de Sud-Est mettent tous ses espoirs à néant. Il implore des conditions plus clémentes. A défaut, il n’exclue pas lui non plus le recours au cerf-volant. Pour autant, cette hypothèse ultime que plusieurs envisagent comme la solution permettant d’en terminer au plus vite n’offre pas forcément une garantie de toucher terre à brève échéance. Un cerf-volant employé sur ce type d’embarcation ne permet pas d’en améliorer le cap. Si les vents ne sont pas favorables pour une navigation à la rame, ces derniers ne le sont pas davantage pour une navigation sous cerf-volant.

Tout au nord, Rémy Landier, Patrice Charlet (alias Mc Coy) et Olivier Montiel continuent eux de progresser vers l’ouest tout en mesurant parfaitement ce qui les attend à court ou moyen terme. Le chemin de la Guyane paraît bien encombré et ils hésitent actuellement entre une route à l’Ouest pour repousser cette échéance de contact ou une route au Sud-Est pour plonger frontalement à travers ce courant traversier.

Dans une situation aussi délicate et complexe, tous attendent avec impatience ces vents de secteur Nord-Est annoncés dès lundi. Mais là aussi, l’espoir des uns se confronte aux craintes des autres car un fort vent de Nord-Est pourrait pousser à la côte les partisans de la route Sud comme ce fût le cas lors des éditions 2006 et 2009 au large du Cap Orange. Cette traversée relève dès à présent d’un véritable exploit pour toutes celles et ceux qui la vivent. Tous, rameurs, routeurs, proches et observateurs attentifs, aspirent désormais à une parfaite harmonie des éléments favorable à toutes les options – vents et courants d’Est – pour que cette exceptionnelle aventure parvienne enfin à son terme et nous libère de cette attente interminable.

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